« La Miséricorde et la Vie Communautaire »

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Introduction

L’année jubilaire de la miséricorde est une année de grâce proclamée par notre Saint-Père le pape François, qui a débuté le 8 décembre 2015 et qui prendra fin, le 20 novembre 2016. Cette année jubilaire nous a permis d’approfondir la notion de « miséricorde » dans notre vie personnelle et communautaire. C’est le moment de faire le bilan. Comment avons-nous vécu concrètement cette année de la miséricorde? Quelle œuvre de miséricorde corporelle et spirituelle avons-nous témoignée? Comment la miséricorde a-t-elle été vécue au cœur de notre vie communautaire? Autant de questions qui nous poussent aujourd’hui à réfléchir sur la miséricorde et la vie communautaire.

Notre réflexion sera partagée en deux sections dont la première consiste à définir la miséricorde et la situer dans l’ancien et le nouveau testament. Dans l’histoire de notre Église, certains personnages nous ont laissé leurs empreintes sur la miséricorde, tels que le saint pape Jean-Paul II, le pape Benoit XVI, le pape François et notre fondateur Joseph Allamano. En outre, nous parlerons de façon succincte de la vie communautaire dans la vie religieuse.

Ensuite, la seconde section consistera à montrer comment la miséricorde est indispensable à la vie communautaire. La communauté est un lieu d’amitié vraie et d’amour fraternel; un lieu de pardon et de réconciliation. Enfin, une conclusion bouclera notre partage.

 

  1. LA MISÉRICORDE

Durant cette année jubilaire de la miséricorde, le Saint-Père, le pape François, a proposé des méditations à travers ses discours et ses homélies qui ont aidé les chrétiens à ouvrir leur cœur à la miséricorde divine. Elles nous permettent d’expérimenter la tendresse, la bonté, le pardon de Dieu et d’être enveloppés par son amour. La miséricorde divine est au centre de l’Évangile, voire le cœur de l’Évangile. Par son étymologie, miséricorde tire son origine du mot Misericordia, miseris cor dare, ce qui signifie « donner le cœur aux indigents », à ceux ou celles qui ont besoin, à ceux ou celles qui souffrent. Certains faits de l’ancien et du nouveau testament illustrent cette miséricorde divine envers son peuple.

 

I.1. La miséricorde dans l'Ancien Testament

Dans l’Ancien Testament, l’autorité ou la puissance de Dieu se révèle dans sa miséricorde. Elle est communautaire et personnelle. L’exemple de l’expérience d’Israël l’illustre bien. Israël, considéré peuple élu par Dieu, brisa son alliance avec Dieu. Tout au long de son histoire, Dieu a envoyé les prophètes pour le réveiller. Il a fait appel à la miséricorde. Certains livres de l’Ancien Testament nous rapportent plusieurs témoignages à cet égard. Rappelons quelques faits et textes indispensables : « la promesse de ne plus avoir de déluge » (Genèse 9, 11) ; « apparition divine à Moïse : Yahvé, Dieu de tendresse et de pitié, lent à la colère et plein de miséricorde » (Exode 34, 6-7) ; « Miserere – pitié pour moi mon Dieu en Ta bonté » (Psaume 50/51) ; Dieu ... « qui pardonne tous vos péchés, et guérit tous vos maux, qui délivre ta vie de la fosse et te couronne de miséricorde et de compassion » (Psaume 103, 3-4); Dieu ... « qui assure la justice pour les opprimés, qui donne du pain aux affamés ; le Seigneur déclare libres les prisonniers, le Seigneur rend la vue aux aveugles, le Seigneur relève ceux qui sont courbés ; le Seigneur aime les justes, le Seigneur protège l'étranger, vient au secours de l'orphelin et de la veuve » (Psaume 146 : 7-9); « Sa miséricorde dure à toujours » Psaume 136; « Yahvé dit : « J’ai vu, j’ai vu la misère de mon peuple qui est en Égypte. J’ai entendu son cri devant ses oppresseurs ; oui, je connais ses angoisses. Je suis descendu pour le délivrer de la main des Égyptiens… » Exode 3, 7-8. Dans cet acte de salut accordé au peuple d’Israël, nous voyons l’amour et la compassion de Dieu, sa miséricorde envers son peuple.

 

I.2. La miséricorde dans le Nouveau Testament

La miséricorde est conçue comme l’expression de la vertu la plus sublime qui n’est autre que l’amour. L’amour se révèle dans des signes de Jésus, tels que la guérison, le pardon, son association avec les pécheurs et les plus vulnérables. Il est révélé dans ses paraboles : par exemple, celles du chapitre 15 de l'Évangile : les brebis perdues de Luc, la pièce de monnaie perdue, le fils perdu; la parabole du serviteur impitoyable dans l'Évangile de Matthieu 18, 21-35 qui est préfacé par l'appel de Jésus pour le pardon illimité. Par-dessus tout, il est révélé dans le don de Jésus de sa vie pour ceux qu'il aime (Jean 15,13).

D’autres passages bibliques témoignent également de cet amour :

La justice nouvelle est supérieure à l’ancienne (Mt 5, 20-48) : « Vous avez entendu : tu aimeras ton prochain et haïras ton ennemi. Moi je vous dis aimez vos ennemis… »

La miséricorde est bienfaisante (Lc 6, 36-38) : ne jugez pas et vous ne serez pas jugés.

Le débiteur impitoyable (Mt 18, 23-35) : Pardonnez et vous serez pardonnés.

Le Dernier jugement (Mt 25, 31-46) : « Venez les bénies de mon Père… »

Le Bon Samaritain (Lc 10, 29-37) : qui est ton prochain ?

Le fils prodigue (Lc 15, 11-32) : Le Seigneur est mon Berger.

Pensant à cette dernière parabole, celle du fils prodigue, le texte proclame que Dieu est le Père miséricordieux. Il ne se fatigue pas de pardonner, sa miséricorde est son plus grand attribut.

 

I.3.     La Miséricorde dans la pensée des Papes et du fondateur Joseph Allamano

Depuis quelques années, force est de constater que l’Église met en valeur et approfondit un aspect particulier de notre foi chrétienne face aux défis auxquels elle est confrontée. C’est ainsi que le pape François nous a proposé une année de miséricorde. Ses prédécesseurs le saint pape Jean Paul II, le pape Benoit XVI ont également fait des réflexions pertinentes sur la miséricorde. Toutes ces réflexions nous aident à mieux comprendre la richesse de la miséricorde.

À cet effet, le saint pape Jean-Paul II disait : « la miséricorde signifie une puissance particulière de l'amour, qui est plus fort que le péché et l'infidélité du peuple élu. » (Jean-Paul II, Dives Misericordiae, no. 4). En d’autres termes, la miséricorde est la limite imposée au mal par Dieu. Il a invité tous les chrétiens à devenir des apôtres de la Miséricorde. Ainsi, il déclara que « Dans la miséricorde de Dieu, le monde trouvera la paix, et l’être humain trouvera le bonheur » (discours du saint pape Jean Paul II en 2002).

Le pape Benoit XVI dans son Encyclique Deus Caritas estDieu est Amour, disait que la miséricorde consiste à « pratiquer l’amour envers les veuves et les orphelins, envers les prisonniers, les malades et toutes les personnes qui, de quelque manière, sont dans le besoin » (Deus Caritas est, no. 22). Il voit l’amour du prochain s’enraciner dans l’amour de Dieu. Pour lui, la miséricorde est l’Amour de Dieu, lequel se manifeste dans l’amour du prochain.

Pour notre pape François, la miséricorde est « le chemin qui unit Dieu et l’homme, pour qu’il ouvre son cœur à l’espérance d’être aimé pour toujours malgré les limites de son péché » (Misericordiae Vultus, no. 1). Il nous rappelle que « Jésus-Christ est la révélation de la miséricorde de Dieu, le visage miséricordieux du Père ». Ces mots résument le mystère de la foi chrétienne. De ce point de vue, la miséricorde que Dieu prodiguait sur le peuple d'Israël trouve son point culminant dans la révélation de Jésus-Christ. Ceci est le plus clairement illustré dans l'Évangile de Jean : Jésus est le « Verbe fait chair » qui révèle la « gloire » du Père au monde. Dieu a tant aimé le monde que l'envoi de son Fils dans le monde est justifié par son intention de sauver le monde et non de le condamner (Évangile de Jean 3 : 16-17).

La contemplation quotidienne du visage du Christ, révélation du Père miséricordieux, fait de nous automatiquement des ‘témoins de la miséricorde divine’ les uns pour les autres. Nous sommes appelés à témoigner cette miséricorde manifestée sous forme d’amour pour autrui. Dans l’hymne à la charité, Saint Paul le rappelle en disant que nous aurions beau parler les langues des hommes et des anges et avoir une foi à déplacer les montagnes, s’il nous manquait la charité, tout cela serait rien (Cf. 1 Co 13, 2). «Ce qui montrera à tous les hommes que vous êtes mes disciples, c’est l’amour que vous aurez les pour les autres. (Jn 13: 35) En d’autres termes, comme le dit le père Ronco Giuseppe, nous devenons «un signe concret de l’amour de Dieu pour l’homme, à témoigner avec conviction de notre foi et à la rendre visible en cultivant l’art des bonnes relations avec tous. » (Ronco, G., p. 39).  

Par ailleurs, le fondateur Joseph Allamano, que je nomme « père de la miséricorde », définit la miséricorde de manière unitaire comme dans l’Évangile, c’est-à-dire «la charité envers Dieu et envers le prochain.» (Pavese, F., & Mantineo, A., Voici mon esprit, no. 96). Il s’agit de l’amour et de la compassion pour l’autre qui est dans le besoin. D’une part, nous devenons agents de proclamation de la Bonne Nouvelle de l’amour réconciliateur, de la miséricorde et de la compassion sans limite de Dieu auprès des pauvres. D’autre part, nous sommes nous-mêmes évangélisés par ces mêmes pauvres.

Durant sa vie, le père fondateur Joseph Allamano nous a recommandé à poser des œuvres de miséricorde spirituelle, telles que «toujours donner un bon conseil; un mot de consolation; un encouragement et par-dessus tout; le bon exemple et la prière.» (Sales, L., p.367).

Il a également invité à témoigner la miséricorde corporelle, don en charités matérielles.

 

II. LA VIE COMMUNAUTAIRE

La vie communautaire est « un rassemblement dans l’unité de femmes et d’hommes de toutes nations, tribus, peuples et langues vivant dans des communautés religieuses pour répondre à l’amour sublime et sans limite du Père et en aimant le prochain comme ils s’aiment eux-mêmes » (Congrégation pour les Instituts de vie consacrée et les sociétés de vie apostolique, 2 février 1994).

 

Par ailleurs, Jean Vanier souligne trois éléments indispensables pour définir la vie communautaire : « aimer chacun; être liés ensemble et vivre la mission » (p. 28). Selon lui, une communauté n’est pas seulement un groupe de personnes qui vivent ensemble et qui s’aiment. Mais aussi un lieu de résurrection, un courant de vie : un cœur, une âme, un esprit. « Ce sont des personnes très différentes les unes des autres qui s’aiment, qui sont toutes tendues vers la même espérance et qui célèbrent le même amour » (p. 64).

Partant de sa propre expérience, Jean Vanier affirme que la vie communautaire est rude. Malgré cela, elle nécessite d’être vécue. Il la compare à une merveilleuse aventure, qui selon lui, peut devenir source de vie.

Depuis le concile Vatican II, l’image de la vie communautaire peut s’exprimer en une vie centrée sur l’amour du Christ; une vie de régularité et d’observances. Cependant, nous notons un progrès dans la façon de vivre dans la communauté. Plusieurs motifs ont été à la base de ce progrès dont, entre autres, l’option pour les pauvres et l’engagement social, la revendication de la liberté personnelle et les droits de l’homme, la promotion des femmes, l’accroissement de la misère, l’appauvrissement des campagnes, l’ouverture à l’actualité du monde, etc…Ce progrès a entraîné plusieurs façons de vivre dans une communauté. On est passé d’une communauté d’observance à une communauté de communion d’amour beaucoup plus influencée par certaines de causes citées ci-haut. Par communion on sous-entend « le fruit et la manifestation de l’amour qui, jaillissant du cœur du Père éternel, se déverse en nous par l’Esprit que Jésus nous donne pour faire de nous tous ‘un seul cœur et une seule âme’ » (Cavallotto, G., « Avançons au large ! »…, no. 42).

 

III. LA MISÉRICORDE DANS LA VIE COMMUNAUTAIRE

Chers lecteurs, après avoir parlé d’une façon brève de la miséricorde en général et de la vie communautaire en particulier, nous verrons comment la miséricorde est possible dans une vie communautaire.

  1. La communauté : lieu de relations vraies et d’amour fraternel

Paraphrasant Jean Vanier, Véronique Lang écrit : « Cet autre dont je me suis approchée, voilà qu’il devient comme un miroir : je me vois semblable à lui, nous partageons une expérience commune d’où la compassion peut jaillir. Je découvre inévitablement que je suis moi-même blessée et que j’ai besoin de guérison » (p. 117). Dans ses deux livres, Le célibat religieux et Vivre la différence, Laurent Boisvert évoque trois éléments ou critères relatifs à soi et à l’autre pour avoir de vraies relations.

  1. Perception de soi et de l’autre : la connaissance de soi avant tout permet de connaître quelque-chose de l’autre, surtout en sachant que l’être humain est un mystère.
  2. Acceptation de soi et de l’autre : s’accepter entraîne l’acceptation de l’autre.
  3. Actualisation de soi et de l’autre : chacun aspire à être davantage.

La connaissance et l’intégration de ces trois critères dans la vie personnelle me permettent d’avoir une certaine attitude de connaissance de soi et d’autrui dans la vie en communauté. Ainsi, je vis avec autrui comme une sœur qui est unique en son genre, ayant ses qualités et ses défauts. Ma relation avec autrui se vit dans une approche miséricordieuse. Cela revient à dire qu’autrui est considéré comme une création divine, une richesse pour moi et la communauté indépendamment de son âge, de sa race, de sa tribu, sa nation ou son continent. Comme on trouve dans le collectif La vie religieuse dans le monde d’aujourd’hui (Cf. la bibliographie),

 

« la communauté est le lieu où chaque génération peut reconnaître l’apport de l’autre et en apprécier la richesse. (…) Une souplesse suffisante est nécessaire pour que les plus jeunes puissent reconnaître, apprécier, et même avoir recours à la sagesse des aînés; et vice versa » p. 122.

Dans le cas contraire, nous tombons dans la tentation du jugement.

(…) Je voudrais ici souligner l’importance, dans cette vie communautaire, des relations d’amitié et de fraternité qui font partie intégrante de cette formation. Nous abordons un autre problème ici. Pourquoi est-ce que je dis cela : les relations d’amitié et de fraternité? Très souvent, j’ai trouvé des communautés (…) où les conversations les plus communes sont les commérages! C’est terrible! Ils se font la peau entre eux… Et ça, c’est notre monde clérical, religieux… Excusez-moi, mais c’est courant : jalousies, envies, mal parler de l’autre. Pas seulement mal parler des supérieurs, ça, c’est un classique! Mais je veux vous dire que c’est si fréquent, si fréquent. Moi aussi, je suis tombé dedans. Je l’ai fait si souvent, si souvent! Et j’ai honte! J’en ai honte! Ce n’est pas bien de faire cela : aller commérer. « Tu as entendu… Tu as entendu… ». Mais c’est l’enfer, cette communauté! Cela ne fait pas de bien. Et c’est pour cela que la relation d’amitié et de fraternité est importante. Les amis sont peu nombreux. La Bible dit ceci : les amis, un, deux… Mais la fraternité, entre tous. Si j’ai un problème avec une sœur ou un frère, je le lui dis en face, mais je ne le dis pas aux autres pour le salir. Et les commérages, c’est terrible! Derrière les commérages, sous les commérages, il y a les envies, les jalousies, les ambitions. Pensez-y. Une fois, j’ai entendu parler d’une personne qui, après les exercices spirituels — une personne consacrée, une sœur… Ça, c’est bien! Cette sœur avait promis au Seigneur de ne jamais dire du mal d’une autre. Ça, c’est un beau chemin, un beau chemin vers la sainteté! Ne jamais dire du mal des autres. (…) C’est important la fraternité! Mais dis-moi, dirais-tu du mal de ta mère, de ton père, de tes frères? Jamais. Alors pourquoi le fais-tu dans la vie consacrée, au séminaire, dans la vie entre prêtres? Uniquement cela : réfléchissez, réfléchissez… La fraternité! Cet amour fraternel! (Extrait de l’allocution du pape François aux religieux, religieuses, séminaristes et novices, le 6 juillet 2013 à Rome)

La miséricorde me fait découvrir que l’autre est l’image de Dieu. La véritable préoccupation est avant tout du côté personnel. De là surgit la question fondamentale sur la qualité de notre vie religieuse. Posons-nous ces questions sans pour autant porter de jugement. Quelle perception ai-je de moi-même? Suis-je conscient de ce que je suis comme don de Dieu? Où se situe mon aspiration? Ces relations vraies envers moi-même m’ouvrent à la sympathie, ce sentiment qui nous fait participer à la joie ou à la douleur de l’autre, voire à la compassion envers autrui. Elles doivent aller dans le sens de l’amitié vraie entre les membres, celles qui aident à grandir dans la foi et à s’épanouir dans sa consécration. Par ailleurs, parfois dans la communauté, on ne sait pas à qui se confier. Il est important de faire cette expérience de l’amitié authentique qui nous ouvre au pardon et à la fête dans la communauté.

Jean Vanier souligne que la vie en communauté aide la personne à la découverte et à la connaissance de soi. La personne réalise qu’elle est différente des autres et qu’elle est libre. Elle ne basera pas sa vie sur les désirs des autres ou selon un personnage emprunté, mais plutôt à partir de sa voix intérieure; c’est ce qui fera d’elle-même une personne libre, capable d’aimer les autres tels que Dieu les a créés. Il s’agit de relations qui se vivent dans l’amour mutuel, sans cet esprit des critiques négatives et destructives mutuelles. D’ailleurs, l’actuelle direction générale s’oppose vigoureusement à cette façon de vivre entre nous.

« Dunque, cacciamo via lo spirito di critica, cosi dannoso a chi l’ha e a tutta la comunità! » Cosi il nostro Fondatore apostrofava la critica nelle comunità, anche io vorrei riprendere questo tema ed invitare tutti a maggior vigilanza e rispetto verso gli altri, specialmente i confratelli. (…) Vi prego fraternamente, vi supplico di combattere con tutto noi stessi per « cacciare » dalle nostre comunità questa critica sterile, cattiva che non aiuta a niente e a nessuno. La nostra vita missionaria non è chiamata a giudicare, ma ad amare; non è chiamata a squalificare, ma a perdonare; non è chiamata ad escludere, ma a integrare; non è chiamata a separare ma a radunare. Recuperiamo la gioia della nostra vocazione e dello stare insieme come fratelli » (Direction Générale, Notiziario - IMC – N. 28, Roma, 26 Luglio 2014).

Le problème qui se pose parfois c’est que dans nos communautés cet amour est conditionné par nos appartenances tribales, régionales, nationales, continentales… et cela entraîne des pratiques obscures qui nuisent à la vie d’autrui. On devient antipathique envers l’autre et vice versa. À ce sujet, Martin Luther King avait raison d’écrire :

La sympathie est un sentiment d’affection, et il m’est impossible d’avoir de la sympathie pour quelqu’un qui bombarde mon foyer. Il m’est impossible d’avoir de la sympathie pour quelqu’un qui m’écrase sous l’injustice. Non, aucune sympathie n’est possible envers quelqu’un qui, jour et nuit, menace de me tuer. Mais Jésus nous rappelle que l’amour est plus grand que la sympathie, que l’amour est une bonne volonté compréhensive, créatrice, rédemptrice, envers tous les hommes.

Il y a une nécessité à faire l’expérience du pardon : combien y a-t-il de membres dans nos communautés qui passent des jours sans se parler? Sans se rencontrer? Posons-nous la question sur notre genre de communion fraternelle. Il est impérieux de mettre en place certaines valeurs, entre autres « l’amitié, la sincérité, l’estime et la compréhension réciproques. » (Constitutions et directoire général, no. 30) pour une authentique vie communautaire.

 

  1. La communauté : un lieu de pardon et de réconciliation

Soyez, entre vous, pleins de générosité et de tendresse. Pardonnez-vous les uns les autres comme Dieu vous a pardonné dans le Christ. Oui! Cherchez à imiter Dieu puisque vous êtes ses enfants bien-aimés (Ép. 4, 32).

« Le pardon n’est pas l’oubli, mais par contre le par fait don d’amour. Le super-don d’amour qui va par-delà l’offense, et ceci en réponse à une offense qui a blessé » (Bernadette Lemoine, Le pardon, source de guérison, p. 75). La réconciliation « est l’apogée du pardon. Elle est un acte de miséricorde qui restaure la relation entre des personnes blessées par une offense » (Cochinaux, p. 68). Chers lecteurs, nous sommes chanceux de bénéficier du pardon de Dieu et d’être réconciliés avec Lui et nos sœurs et nos frères. Dieu, à cause de son amour envers nous, a accompli son geste réconciliateur. Cela ne s’arrête pas là : il veut que nous puissions à notre tour pardonner aux autres avec qui nous formons la communauté. Nous le disons clairement dans la prière du Notre Père, « pardonne-nous comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés… » (Mt 6, 12). Lors de son audience générale du 21 septembre 2016 place Saint-Pierre au Vatican, le pape François a souligné que « Le pardon est le pilier qui régit la vie de la communauté chrétienne, car il montre la gratuité de l’amour avec lequel Dieu nous a aimés le premier ».

Quelques jours plus tôt, le 11 septembre 2016, toujours à la place Saint-Pierre, le pape François se référait au chapitre 15 de l’évangile de Luc, un chapitre considéré comme celui de la miséricorde. Le pape invitait tous les fidèles à partager la joie de la miséricorde, spécialement en cette année jubilaire. À l’exemple de Dieu Père qui accueille à bras ouverts son fils qui s’était éloigné de lui, ainsi nous interpelle-t-il dans notre façon de vivre dans la communauté avec les autres membres. La joie qui vient du cœur du père s’étend dans toute sa maison. À cela, peuvent être comparées nos communautés quand une personne ou quelques-unes reviennent à Dieu dans la repentance. Avec cette parabole, commente le saint Père, Jésus nous présente un « Dieu aux bras ouverts, un père qui embrasse son fils retrouvé », un fils qui a choisi de façon décisive « le chemin du retour, qui est le chemin de l'espoir, le chemin d’une nouvelle vie ». Et même quand nous nous perdons, rappelle le Pape, « Dieu nous attend patiemment » pour nous sauver et nous accueillir à notre retour « avec joie et fête », car « personne n’est irrécupérable ». C’est exactement ce que témoigne Dominique Boisvert dans son livre intitulé Québec, tu négliges un trésor, p. 64 :

Cet amour du Père, sans reproches et sans limites, privilégie la brebis perdue aux 99 autres qui sont toujours avec lui : je vous le dis, il y aura plus de joie dans le ciel pour un seul pécheur qui se repent, que pour quatre-vingt-dix-neuf justes qui n’ont pas besoin de repentance.

 

Conclusion

Au terme de notre réflexion sur la nécessité d’être miséricordieux comme le Père au cœur de notre vie communautaire, nous allons retenir quelques pistes pour nourrir notre vie chrétienne. Nous sommes appelés à repartir du baptême, ce qui signifie retrouver la source de la miséricorde, une source d'espérance pour tous. La miséricorde de Dieu, qui œuvre dans le baptême, est plus forte que nos divisions. Dans la mesure où nous accueillons la grâce de la miséricorde, nous devenons plus pleinement chrétiens, et donc capables de témoigner à toutes et à tous l’amour du Père miséricordieux. Toutes et tous, nous avons besoin du pardon, d'être libérés du mal car nous sommes appelés à aller à la rencontre du Dieu vivant, plein de miséricorde. Malheureusement, nous vivons souvent l'égoïsme qui crée la division, la fermeture sur soi et le mépris des autres. Nous avons une mission commune, celle de transmettre à l'autre la divine miséricorde reçue, en commençant par ses propres sœurs et frères dans la communauté.

Demandons la grâce de ne jamais nous fatiguer de puiser la miséricorde du Père et de la porter dans le monde : demandons d’être nous-mêmes miséricordieux, pour répandre partout la force de l’Évangile, pour écrire ces pages de l’Évangile que l’apôtre Jean n’a pas écrites. (Pape François)

Nous sommes tous appelés à devenir écrivains (es) vivant(e) s de l’Évangile, porteurs de la Bonne Nouvelle à tout homme et à toute femme d’aujourd’hui. Nous pouvons le faire en mettant en pratique les œuvres de miséricorde matérielles et spirituelles, qui sont le style de vie du chrétien. Chaque infirmité peut trouver dans la miséricorde de Dieu un secours efficace. Dieu veut rejoindre les blessures de chacun pour les soigner. Être apôtres de miséricorde signifie toucher et caresser ses plaies, présentes aussi aujourd’hui dans le corps et dans l’âme de tant de ses frères et sœurs. Chers lecteurs, tournons vers Dieu, Père miséricordieux. Ainsi, dans la confiance et l’abandon total à Lui, nous aurons la paix en nous et autour de nous. Cela nous fera devenir berger de l’autre et vice-versa.

Que l’Esprit Saint nous guide par l’intercession de Notre Dame de la Consolata et du Bienheureux Joseph Allamano afin que nous soyons bergers les uns les autres!

 

Références bibliographiques

Les écrits des Papes:

Jean-Paul II, Dives in misericordia, 1980.

Benoit XVI – Deus caritas est (2005).

Pape François – Misericordiae vultus (2015).

Pape François – La Miséricorde est le cœur de l’Évangile, Vatican, Libreria Editrice Vaticana, Août 2016.

Les Livres:

Boisvert Laurent, Le célibat religieux, « perspectives de vie religieuse », Québec, CERF/Bellarmin, 1990

Boisvert Laurent, Vivre la différence, Québec, Bellarmin, 2002, pp. 33-34

Boisvert Dominique, Québec, tu négliges un trésor! Défis d’aujourd’hui, Québec, Novalis, 2015

Cavalloto Giuseppe, « Avançons au large!». La pensée missionnaire de Jean-Paul II. Imc Canada, 2005.

Chanoine Bernadette, Le pardon, source de guérison, Éditions des Béatitudes, 2014

Cochinaux, Philippe, La Miséricorde, Éditions Jésuites, 2015

Congrégation pour les Instituts de vie consacrée et les sociétés de vie apostolique, Contemplez, Vatican, Librairie Éditrice Vaticane, 2015

Fino Catherine, Lavigne Jean Claude, Licheri Lucie, Souletie Jean-Louis, La vie religieuse dans le monde d’aujourd’hui, Paris, Éd. Salvator, 2011.

Lang Véronique, Jean Vanier : La tendresse de Dieu, dans Cahiers de spiritualité ignatienne116 (Mai-août 2006), V. 30, Québec, Éd. Manrèse, p. 113-119.

La Bible de Jérusalem

Luther King Martin, La seule révolution Casterman, 1968, pp. 109-110

Pavese Francesco & Mantineo Angeles, Cosi vi voglio, Italie, Sermis, 2007.

Ronco Giuseppe, Une source de bonheur; Imc Canada; Montréal, 2000.

Sales Lorenzo, La vie spirituelle; Rome; Impresa, 1986.

Vanier Jean, La communauté, lieu du pardon et de la fête, Bellarmin-Fleurus, 1979, pp. 13-14

 

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