L'importance de l'intégration de la communication interculturelle dans le ministère

Published in I missionari dicono

Introduction

À l’heure actuelle de la mondialisation, la communication est devenue incontournable et affecte presque tous les autres domaines, voire celui de l’évangélisation. Il s’agit donc là pour un missionnaire d’un défi majeur qui peut engendrer une crise concernant la manière de véhiculer le message du Christ. La nécessité de mieux s’outiller devient indispensable pour s’impliquer davantage dans notre mission d’évangélisation.

Cet article est un rappel d’un aspect indispensable à considérer dans l’approche interactionniste dans notre ministère. Comme mes lecteurs pourront le constater, j’opte donc pour une communication interculturelle. Comme le dit Hall dans son livre Le langage silencieux, la communication interculturelle est « l’étude de la communication interpersonnelle entre individus de cultures différentes ». En d’autres termes, « elle est la réflexion sur les normes culturelles implicites qui gouvernent nos interactions ». Pour un ministère réussi, les missionnaires doivent s’impliquer et participer dans la vie des autres; avoir une certaine compréhension de la culture des autres où ils sont envoyés en vue de leur transmettre le message qu’ils détiennent. En même temps, ils apprennent aussi des autres: une relation réciproque se crée. La communication devient implication et participation.

Ma réflexion commence par une note introductive. Ensuite, je partagerai quelques termes : constat missionnaire; communication et implication; connaître son auditoire. Enfin, dans la conclusion, je donnerai une opinion sur l'implication et la participation centrées sur la perspective biblique.

  1. Un constat missionnaire

Dans la mission où on est envoyé, les inconnus (confrères ou les fidèles) qu’on rencontre pour la première fois sont considérés comme des personnes très différentes. On a peur d’eux parce qu’on ne sait pas qui ils sont ni ce qu’il cache à l’intérieur d’eux. Mais une fois qu’on brise les barrières et qu’on s'implique avec eux, on se rend compte qu'ils sont semblables à nous : nous partageons les mêmes besoins, les mêmes peurs et les mêmes angoisses malgré que chaque être humain soit un mystère. Comme l’a souligné Donald Smith, un Américain, célèbre pasteur presbytérien : « les étrangers deviennent amis grâce à une participation toujours plus grande. » Notre réaction et notre compréhension d’une personne sont fondamentalement fondées sur notre implication avec elle, c'est-à-dire lorsque nous partageons quelque chose en commun avec elle. « Avoir cet aspect commun est la base de la communication », dit Donald Smith.

  1. Communication et implication

2.1.           Communication

À période nouvelle, problèmes nouveaux. Le mot communication vient du terme Communis, auquel se rattachent les mots suivants : commun, commune (engagement mutuel dans un partage plus large : économie, activités sociales, culte, etc.), communautaire (partageant le même espace géographique ou les mêmes intérêts), communisme, communion (partage de la compréhension aux niveaux les plus profonds de l'expérience humaine, ici se trouve la communion de service comme partage entre Dieu et l'humanité en Christ et entre personnes dans le corps du Christ).

Communiquer, c’est, dans sa définition la plus simple et la plus essentielle, se parler et essayer de se comprendre. Toute communication implique réciprocité, dialogue. Il faut partager les mêmes enjeux et donner un sens commun à son engagement dans son ministère. Cette proposition de définition marque une nette différence entre « communiquer » et « informer ». Dans la communication, dans le fait de se parler, sont engagées deux caractéristiques majeures :

  • la réciprocité: se parler en relançant l’échange langagier, le dialogue au sens rigoureux du terme ;
  • la compréhension d’autrui : d’abord la compréhension minimum de la signification de ce qui est dit (parler à peu près la même langue et mettre les mêmes réalités derrière les mots), mais aussi un minimum de compréhension de l’autre : sa culture de référence, sa manière de réagir dans une discussion, son adhésion à ce qui est dit ou son rejet, etc. Tous ces aspects sont, de fait, présents dans cette simple action qu’est « se parler ». La compréhension réciproque, l’intercompréhension, représente une dimension décisive de la communication, mais demande aussi d’entrer bien davantage dans le contenu de ce que l’on peut entendre par « se comprendre», « coopérer ».
  • Qu’est-ce que coopérer?

Coopérer, c’est opérer ensemble, agir ensemble, travailler conjointement, et cet agir ensemble ne peut se consolider en entreprise que si l’on partage des enjeux communs. Un sens commun, c’est-à-dire un même motif, une même raison d’agir, ne s’obtient que par une communication intercompréhensive. L’essentiel alors est que soit créé et organisé un espace particulier. C’est dans cet espace seulement qu’une intercompréhension pourra être nouée. Il faut partager la compréhension des problèmes, confronter leur analyse, se projeter ensemble dans l’avenir et anticiper les actions à mener; voire il faut co-élaborer, coécrire en quelque sorte la conception de ce que l’on doit entreprendre ensemble. Du même coup, on vérifie empiriquement que toute coopération suppose des temps d’échange, de discussion, de réflexion collective, pour se mettre d’accord sur la compréhension des problèmes à résoudre, pour se réajuster, pour rectifier, pour mettre en commun l’expérience acquise, pour explorer de nouvelles solutions, etc. Bref, coopérer devrait se passer dans un climat qui ne donne pas espace à l’ethnocentrisme, « tendance à faire de sa propre culture un modèle de référence à partir duquel on va juger les autres cultures ». Ainsi, s’impose la nécessité d'appliquer les étapes énumérées plus bas.

2.2.1.     Connaître son auditoire

Ce n'est pas un simple effort intellectuel à travers des études ou des recherches ou en utilisant un jargon spécial pour s'adapter à un groupe ciblé, mais c’est vraiment aller à la rencontre des autres, s’impliquer dans leur vie par le partage, l'écoute et le témoignage de sa propre vie. Connaître son auditoire, c’est s’impliquer dans la vie des autres. « La base d'une communication efficace est l'implication mutuelle de l'expéditeur et du destinataire (par la réciprocité, le dialogue, la co-réponse, la rétroaction). »

2.2.2.     Devenir impliqué

Entrer dans une nouvelle communauté ou une nouvelle culture est une expérience qui peut être excitante et inquiétante en même temps. Nous avons besoin d'un lien (le type de relation plus profonde qui unit les nouveau-nés et leur mère/père) afin de générer un sentiment d'appartenance à cette nouvelle réalité apparemment étrange et différente. C'est plutôt un processus lent et graduel qui se développe avec l'acceptation, du côté du nouveau venu, de la dépendance vis-à-vis des populations locales. Quatre phases se chevauchent :

-              Apprendre la langue : c'est la clef de voûte de la culture et de la compréhension des gens. « S'impliquer dans toute nouvelle communauté, c'est apprendre la langue de cette communauté », car « une participation fructueuse exige l'apprentissage de la langue du cœur ? et du cœur. »

-              Partager des expériences : la connaissance de la langue permet de partager ses expériences avec les autres, en ouvrant ses oreilles et son cœur. La communauté s'élargit avec le partage d'expériences qui transforme le langage appris d'un ensemble stérile de codes et de règles grammaticales à un ensemble imprégné de sens. Nous ne parlons plus aux gens, mais nous commençons à faire des choses avec eux.

-              Participer à la culture : nous pouvons établir une communication avec les gens si nous sommes capables de participer de manière appropriée, confortable et correcte dans leur culture. « Les modèles culturels fournissent les routes par lesquelles vous faites partie de la vie des gens. » Cela nécessite non seulement la pratique, mais aussi « la volonté de commettre des erreurs » et la prise de conscience des différences profondes qui existent entre les différentes cultures.

-              Comprendre les croyances : il s'agit du niveau le plus difficile d'implication dans les idées fondamentales des gens, leurs points de vue (hypothèses et concepts non dits et non écrits en arrière-plan de leurs conversations et leurs comportements) et leur relation avec Dieu, la vie et le monde. « Le rejet d'un message qui est bizarre avec de telles idées fondamentales entraîne habituellement le rejet de son messager aussi. » Pour atteindre un ministère efficace, un leader chrétien doit garder à l'esprit « que la participation ne prépare pas simplement le chemin pour la communication : l'implication est la communication. »

De tout ce qui précède, deux problèmes peuvent enrayer le processus lorsque l'implication est motivée par un plus grand désir de réussite de l'expéditeur (missionnaire) que l’obtention du meilleur pour le répondant (confrère ou fidèle). Le premier problème est la possessivité du côté de l'initiateur. Le sentiment engendré par la tendance à regarder et à aborder la réalité comme « mon travail » ou « mon peuple » peut mener à une sorte de participation assurant son propre succès. Le deuxième problème est la dépendance du récepteur alors qu’il devient « tellement dépendant d'un tel travailleur pour l'approbation, l'orientation et même les choses matérielles ». Dans un tel contexte, l'œuvre devient « infirme, centrée sur la personne, avec peu de place pour l'Esprit de Dieu ».

 

Conclusion

En générale, la communication joue un rôle de plus en plus prépondérant dans toutes les sphères de l'activité du chrétien ou du missionnaire. Elle est avant tout un partage ouvert et profond, une transformation, une découverte de l'être humain, un recadrage de ses perceptions et de sa compréhension de l'être supérieur qu'est Dieu. À travers cet article, nous avons voulu contribuer à l’enrichissement des connaissances dans le domaine de la communication interculturelle en vue de soutenir la pratique professionnelle des missionnaires que nous sommes, dans le contexte de la diversité culturelle et de nos différences. Notre efficacité ne réside pas dans les messages impersonnels envoyés et reçus par des techniques médiatiques puissantes, mais par notre capacité interactive d'établir une relation commune les uns avec les autres, générant ainsi la possibilité d'une compréhension mutuelle dans le lien, le dialogue et la réciprocité. Une vraie communication permet de vivre les principes chrétiens et la capacité de pénétrer dans l'univers de l'autre, de comprendre ses pensées, ses sentiments et ses attitudes. Améliorer sa communication et l'enrichir, c'est découvrir l'un des aspects de la vie: l'échange réciproque.

Dans l’Ancien Testament, le Dieu d'Israël est considéré comme un Dieu communicateur, voire extraverti. Il sort de lui-même par des gestes de communication dont la création avec laquelle il garde une relation-communication permanente. En plus, le Dieu d'Israël a créé l'homme pour communiquer. Il a mis dans la nature de l'homme le désir de communiquer avec d'autres personnes. Ainsi, de la nature divine découle ce principe fondamental de la communication interpersonnelle, l'action la plus significative de l'homme: la base de toute interaction sociale. De ce principe fondamental de la communication interpersonnelle, force est de constater que les prophètes de l'Ancien Testament sont des modèles de communication: leurs langues avaient une riche variété d'expressions qu’ils utilisaient selon les circonstances et leur état d'esprit. 

Par ailleurs, dans le Nouveau testament, Jésus-Christ est le parfait communicateur: l’accomplissement de la pleine communication de Dieu avec l'humanité. Saint Jean nous dit qu’« au commencement était le Verbe ... Le Verbe s'est fait chair et a fait sa demeure parmi nous ». (Jean 1 : 1-5, 10-14). Pour le comprendre, Dieu s'est fait chair. Il s'est incarné parmi nous. Il s'est impliqué pleinement avec nous dans toutes nos expériences humaines. « Sa vie est la Parole, une Parole parlée dans la langue de l'humanité, une Parole que nous pouvons comprendre. » (Hébreux 2 : 14-15, 18). Par l'incarnation, devenu semblable à ceux qui devaient recevoir son message, il a proclamé ce message avec puissance et sans compromission, par ses paroles et par sa conduite, en adoptant la langue et la culture de ses récepteurs.

Bibliographie

Bible de Jérusalem.

Geffré, C., De Babel à Pentecôte. Essais de théologie interreligieuse. Paris, Les éditions du Cerf, 2010.

Hall, E. – T., Le langage silencieux, Seuil, 1959.

Scott, A. & Hay, E., Effective intercultural communication : a Christian perspective (encountering mission), USA, Baker Academic, 2014.

Smith, D., Creating Understanding: A handbook for Christian Communication across Cultural Landscapes, Michigan, Zondervan Publishing House, 1992.

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