De 1634 à 1649, environ trente Jésuites, dont une vingtaine de prêtres, arrivés de
France au Canada, se sont exilés une seconde fois pour aller porter l’Évangile sur les
bords d’un des Grands Lacs, le lac Huron, plus précisément dans la baie Georgienne,
en un lieu appelé aujourd’hui Midland, en Ontario.
Parmi ces hommes, huit sont morts martyrs : Brébeuf, Lalemant, Daniel, Chabanel,
Garnier, Jogues, Goupil et La Lande. Tous appartiennent à cette équipe de grands et de
grandes qui ont fondé l’Église canadienne.
Dans le groupe des missionnaires de la Nouvelle-France, Jean de Brébeuf, que l’on a
appelé «le géant des missions huronnes», ou encore «l’apôtre au coeur mangé», est
incontestablement le plus fascinant. Il est en effet le fondateur de la mission huronne,
le chef de file des ethnographes et ethnologues de la Huronie, l’auteur du premier
dictionnaire et de la première grammaire de la langue huronne, le premier mystique de
la Nouvelle-France, et l’un de ses premiers martyrs.
Sa vie se confond avec celle de la mission : c’est lui qui l’a fondée et dirigée
durant quatre ans, lui qui lui a donné la formule de son expansion, ses moyens
d’évangélisation, et surtout son idéal.
A travers ses écrits - environ trois cents pages -, c’est le coeur de la mission que nous
entendons palpiter, comme aussi le sien, tantôt broyé par l’épreuve, tantôt consolé par
les joies de la moisson.
Avant de parler directement de son itinéraire spirituel, voici quelques données sur le
parcours de sa vie.
Jalons biographiques
Brébeuf est normand, né à Bayeux, le 25 mars 1593. Par ses ancêtres, il plonge ses
racines jusqu’au XIe siècle, où figure le nom d’un Brébeuf parmi les compagnons
d’armes de Guillaume le Conquérant, et d’un autre parmi les chevaliers de saint Louis,
au XIIIe siècle.
Je souligne que Brébeuf est né en 1593, c’est-à-dire l’année même où Henri IV , en
renonçant au calvinisme pour embrasser le catholicisme, a mis fin aux guerres de
religion qui avaient ensanglanté la France durant 36 ans. Je souligne encore que
Brébeuf a vécu à l’époque du prodigieux renouveau spirituel du XVIIe siècle représenté
en France par les noms de Louis Lallemant, Coton, François de Sales, Bérulle, Olier,
Condren, Eudes, Vincent de Paul.
Brébeuf entre au noviciat des Jésuites à Rouen, à l’âge de 24 ans. Après ses premiers
voeux, il est nommé professeur de grammaire. Après un an et demi d’enseignement, il
tombe malade, frappé par la tuberculose. Lui, le futur géant des missions huronnes,
est inscrit dans les catalogues de la Compagnie de Jésus comme cassé, c’est-à-dire
inutile pour l’action. Mais il se refait si bien qu’après une formation accélérée, il est
ordonné prêtre en 1622, à 29 ans. Il est alors nommé procureur du collège de Rouen.
A cette époque, la Compagnie de Jésus passait par une phase de vaste expansion dans
toute la France. Les collèges se multipliaient comme champignons. En outre, la
canonisation de François Xavier en 1622, l’année
même de l’ordination de Brébeuf, frappait l’imagination des professeurs et des élèves.
Un grand souffle missionnaire soulevait toute la France, envahissait les collèges,
gonflait les coeurs et les voiles, tendait les regards vers les terres lointaines et les
nouveaux peuples à évangéliser. A l’occasion d’une rencontre avec son Provincial, le
célèbre Père Coton, confesseur du Roi, Brébeuf posa sa candidature pour la Nouvelle-
France. Elle fut acceptée.
Le 19 juin 1625, Brébeuf débarque donc à Québec. Dès l’automne, il accompagne les
Algonquins de la région, pour leur chasse d’hiver. Après cinq mois de vie errante dans
la neige, le froid et la fumée des tentes, Brébeuf est envoyé chez les Hurons, tribus
sédentaires et, par suite, plus faciles à évangéliser. Il y séjourne une première fois de
1626 à 1629, avec deux compagnons : le jésuite Anne de Nouë et le récollet De La
Roche D’Aillon. Pour des motifs différents, tous deux sont contraints de retourner à
Québec, si bien qu’en 1629 Brébeuf se retrouve tout fin seul en Huronie, à mille
kilomètres de Québec.
Fin brusque de ce premier séjour : la prise de Québec par les Anglais l’oblige luimême
à retourner à Québec, puis à repasser en France avec les autres missionnaires et
l’administration de la colonie.
Après trois ans comme procureur à Rouen et au collège d’Eu, Brébeuf revient en
Nouvelle-France en 1633, avec Champlain, puis monte en Huronie l’année suivante,
cette fois comme supérieur avec la charge de fonder une vraie mission.
On pouvait croire que l’heure des vrais commencements était arrivée. Mais la vérité
est que Brébeuf commençait son entreprise d’évangélisation sur un terrain miné, à
haut potentiel explosif. En effet, en s’alliant aux projets de la France, les missionnaires
se trouvaient impliqués dans un jeu de compétition commerciale féroce entre trois
puissances européennes qui se disputaient le monopole des fourrures : la France, les
Pays-bas et l’Angleterre. Ces trois nations font le commerce avec des tribus déjà
divisées par des haines séculaires : Hurons et Iroquois, ces derniers bientôt armés
d’armes à feu par les Hollandais.
Les missionnaires arrivaient donc dans un pays où les jeux sont faits. Dans les conflits
qui s’ensuivront, ils ne pourront échapper au risque d’être un jour victimes de ces
tristes rivalités commerciales et tribales, et ils en étaient parfaitement conscients.
Le travail d’évangélisation, après une phase assez réconfortante, rencontre bientôt une
résistance obstinée, due sans doute aux exigences évangéliques, mais aussi aux
épidémies qui décimaient les Hurons et dont les missionnaires européens étaient tenus
responsables. Il fallut plusieurs années avant que la conversion de quelques capitaines
de grande influence parvienne à briser le mur des coutumes du pays. Brébeuf, pour sa
part, dut attendre six ans la conversion du premier adulte en santé.
En 1638, le Père Jérôme Lalemant succède à Brébeuf comme supérieur. Au retour d’une
mission particulièrement pénible chez les Neutres, tribu voisine des Hurons, Brébeuf
fait une mauvaise chute sur la glace et se brise la clavicule gauche. Quelques semaines
plus tard, il est en route pour Québec : son état de santé, les affaires de la mission,
mais aussi les tempêtes de haine qu’allume sa présence chez les Hurons, rendent
souhaitable son éloignement provisoire de la Huronie.
A Québec, durant trois ans, de 1641 à 1644, Brébeuf exerce la charge de procureur de
la mission huronne. Il remplit aussi auprès des Ursulines et des Hospitalières l’office
de directeur spirituel et de confesseur : occasion pour lui de rencontrer Marie de
l’Incarnation.
Le 7 septembre 1644, il est de nouveau en Huronie, définitivement cette fois. En effet,
le conflit entre Hurons et Iroquois est sur le point de se dénouer. Les Iroquois rêvent
d’exterminer les Hurons, déjà réduits des deux tiers par la guerre et les maladies. En
1646, Jogues est assassiné. Le 16 mars 1649, le bourg de Saint-Ignace (aujourd’hui
région de Midland, Ontario) est surpris par mille Iroquois bien armés. Saint-Louis,
village voisin où travaillaient Brébeuf et Gabriel Lalemant, est à son tour attaqué.
Ramenés à Saint-Ignace, les deux missionnaires y subissent un martyre atroce.
La mission huronne disparut avec celui qui l’avait fondée. Mais la disparition des
Hurons, après 1650, a eu pour effet de répandre l’Évangile parmi les nations des
Grands Lacs et sur les bords de l’Hudson River.
Brébeuf et ses compagnons martyrs ont été canonisés par Pie XI en 1930 et proclamés
patrons secondaires du Canada (après saint Joseph) par Pie XII, le 16 octobre 1940.
A la source d’une spiritualité
Inutile de se mettre en peine pour découvrir les sources de la spiritualité de Brébeuf.
De source, à vrai dire, il n’en a qu’une : Jésus Christ. J’ajoute aussitôt qu’il a puisé à
cette source par la médiation des Exercices spirituels de saint Ignace.. Brébeuf est
entré dans la Compagnie de Jésus à l’âge de 24 ans, c’est-à-dire à un âge où les
expériences religieuses sont profondes et demeurent. Comme Jogues, il n’a pas fait de
troisième an, à savoir cette année d’approfondissement spirituel qui couronne la
formation du jésuite.
Le meilleur de sa formation religieuse, il le doit à ses deux années de noviciat. La plus
grande partie de sa vie se passe en Huronie. A part l’Écriture sainte, son bréviaire et
L’Imitation de Jésus Christ, Brébeuf a peu lu, parce que le temps et les moyens lui ont
manqué. Brébeuf est d’abord l’homme des Exercices de saint Ignace. A cette école,
Brébeuf a contemplé le Christ longuement, y compris dans son martyre. Pour lui, le
Christ est une personne, profondément réelle, dont la proximité est celle d’une
présence, aimée d’un amour inconditionnel, bouleversant comme l’amour du Christ
lui-même. Comme saint Paul, il a été saisi, empoigné par le Christ Jésus (Phil 3, 12).
Je suis porté à dire de Brébeuf ce que l’on a dit de Bérulle : «Il ne voulait que Jésus
Christ, il ne s’occupait, il ne s’entretenait que de Jésus Christ…Sa langue ne parlait
que de Jésus Christ…Sa conduite ne tendait qu’à établir Jésus Christ, et si l’on eût pu
faire une anatomie de son coeur, au lieu du désir de se sauver, on y eût trouvé une
forte passion d’appartenir parfaitement et inséparablement à Jésus Christ» (Henri
Bremond, Histoire du sentiment religieux en France (vol. 3 : 48). C’est ma conviction,
Brébeuf, tout comme les missionnaires de la Nouvelle-France, particulièrement ceux de
la Huronie, sont les hommes de Jésus Christ, selon les Exercices.
Cette première formation du noviciat s’est approfondie chez Brébeuf au contact de ce
maître spirituel éminent du XVIIe siècle que fut le Père Louis Lallemant, connu par sa
Doctrine spirituelle. Le Père Lallemant avait sollicité les missions du Canada, dans
«l’espoir, disait-il, d’avoir à souffrir davantage pour le Christ». Le Père Général lui
signifia qu’il trouverait en France l’occasion de manifester son zèle pour les missions.
Effectivement, il se dédommagea en formant pour la Nouvelle-France la plupart de ses
meilleurs recrues, par exemple : Isaac Jogues, Antoine Daniel, Barthélemy Vimont,
Simon Le Moyne, Paul le Jeune, Paul Ragueneau, et enfin Brébeuf.
En 1638, parmi les Jésuites que compte la mission huronne, hui quatre ont vécu sous
l’influence directe ou dans l’entourage immédiat de Lalemant.
Trois engagenents pour le Christ
De la spiritualité de Lallemant, je retiens un trait qui la caractérise. Notez que le Père
s’adresse à des religieux qui ont une certaine expérience de la vie spirituelle. Avant
tout, il faut les décider à opter pour la sainteté : c’est ce qu’il appelle franchir le pas,
c’est-à-dire se donner à Dieu pour de bon, une fois pour toutes. Brébeuf a vécu ce
franchir le pas et s’est engagé résolument sur les voies de la sainteté héroïque. Ce
qu’attestent les trois engagements qui scandent sa vie spirituelle : une promesse de
servir le Christ jusqu’au don de sa vie en 1631, le voeu du martyre en 1637, le voeu du
plus parfait en 1644. Un intervalle de six à sept ans sépare chacun de ces
engagements. La grâce ne brusque rien..
Le premier de ces engagements se situe entre son premier et son second séjour en
Nouvelle-France. Durant la retraite préparatoire à ses derniers voeux, en 1630,
Brébeuf attribue son départ de la Huronie et son retour en France à ses infidélités.
Dieu l’invite alors à lier avec lui une intime amitié, lui disant comme à Paul autrefois :
«Celui-ci sera pour moi un vase d’élection et portera mon nom aux nations» (Act 9,
15). Alors, continue Brébeuf, je me suis offert et j’ai dit : «faites de moi, Seigneur, un
homme selon votre coeur. A l’avenir, rien ne me séparera de votre amour».
L’année suivante, en 1631, toujours au cours de sa retraite, il s’engage par une
promesse signée de son sang à servir le Christ jusqu’au sacrifice de sa vie.
A son retour en Huronie, en 1634, la mission qu’il a fondée connaît une première
phase réconfortante d’amitié et de relative consolation apostolique. Mais bientôt il se
heurte à une résistance croissante et obstinée due aux épidémies qu’on attribue aux
missionnaires, comme aussi aux exigences de l’Évangile et aux coutumes du pays.
Commence alors, dirigé par les sorciers, un jeu savant d’insinuations malveillantes,
puis de menaces ouvertes et brutales, accompagnées de tentatives de meurtre.
Dès 1637, après à peine trois ans d ‘apostolat, la mission faillit sauter. C’est dans ce
climat de haine que Brébeuf, au nom de ses compagnons, rédige un texte émouvant,
sublime de magnanimité, d’humilité, de foi, de zèle apostolique et de courage : «Nous
sommes peut-être sur le point de répandre notre sang et d’immoler nos vies pour le
service de notre bon Maître Jésus Christ…C’est une faveur singulière que sa bonté
nous fait, de nous faire endurer quelque chose pour son amour. C’est maintenant que
nous estimons être de sa Compagnie…S‘il faut que, dès cette heure nous mourions, ô
la bonne heure pour nous! S’il veut nous réserver pour d’autres travaux, qu’il soit
béni» (JR 15, 60-64).
Après une brève accalmie, les persécutions reprennent, à l’occasion d’une nouvelle
épidémie. Brébeuf est insulté et roué de coups. C’est dans ce contexte que, vers 1637-
1639, mû par l’Esprit, il s’engage par voeu à ne jamais refuser la grâce du martyre si
jamais elle se présentait à lui. «Mon Dieu et mon Sauveur, que pourrais-je vous rendre
pour tous les biens dont…
vous m’avez prévenu? Oui, mon Sauveur Jésus, je vous fais voeu de ne jamais manquer,
de mon côté, à la grâce du martyre, si par votre infinie miséricorde vous me la
présentez quelque jour, à moi votre indigne serviteur…Je vous offre, dès aujourd’hui,
dans les sentiments de joie que j’en ai, et mon sang, et mon corps, et ma vie, afin que
je ne meure que pour vous qui avez daigné mourir pour moi. Ainsi, mon Dieu et mon
Sauveur, je prendrai de votre main le calice de vos souffrances et j’invoquerai votre
nom…Jésus, Jésus, Jésus» (E 2 : 236-237).
Enfin, en 1644, troisième engagement de Brébeuf avant son martyre. Il s’oblige, pour
le reste de sa vie, et sous peine de péché mortel, à accomplir tout ce qu’il connaîtra «
devoir contribuer à la plus grande gloire de Dieu et à son plus grand service» (E 2 :
215-216).
Si Brébeuf peut s’engager ainsi sur la voie de la sainteté héroïque, c’est que depuis
longtemps déjà, son âme, toute docilité, offrait à l’Esprit le maximum de prise sur
elle.
Ce voeu du plus parfait a été prononcé en Nouvelle-France par Marie de l’Incarnation,
Brébeuf, Chastellain, Chaumonot. Le but de ce voeu est d’arriver à une union toujours
plus grande avec Dieu. La volonté est à ce point aimante qu’elle ne peut rien inventer
qui ne soit amour de celui qu’elle aime. Sa spontanéité est celle de l’amour.
Brébeuf missionnaire
On ne peut parler de Brébeuf sans évoquer trois images qui le définissent et l’imposent
à l’histoire : le missionnaire, le martyr, le mystique.
Dès son arrivée, Brébeuf a compris qu’il était futile de songer à évangéliser les Hurons
sans une connaissance préalable de la langue et des coutumes du pays. Sur ces deux
points, il a vécu la réalité de l’inculturation bien avant l’apparition du terme.
Brébeuf, qui appartient au siècle d’or de la littérature française, avec Corneille, Racine,
La Fontaine, Pascal, n’a pas songé un instant à franciser les autochtones. Il a choisi
plutôt d’en apprendre la langue et de les doter d’une langue écrite qu’ils ne
possédaient encore, en composant pour eux un dictionnaire et une grammaire.
Avant le mot aussi, Brébeuf a été ethnographe et ethnologue. C’est à lui qu’il faut
demander une description détaillée de la vie sociale, politique et religieuse des Hurons.
Sur ces trois points, sa Relation de 1636 reste un document irremplaçable, un
classique auquel se réfèrent tous les ouvrages d’ethnologie amérindienne et les grands
dictionnaires d’histoire des religions.
L’étude des moeurs et coutumes des Hurons n’était pas, chez Brébeuf, simple affaire
de curiosité. Il cherchait des points d’entrée pour l’Évangile. Ainsi voit-il, dans le culte
des morts, une approche de l’immortalité chrétienne et, dans la reconnaissance d’un
grand Esprit la voie vers un Dieu transcendant.
Au plan pédagogique, Brébeuf a adopté la méthode des catéchismes, avec l’appoint de
la musique et de l’image. Une imagerie qu’il a fallu adapter à l’imaginaire amérindien.
Par exemple, on désirait un Christ sans barbe, des personnages vus de face et non de
profil, des cheveux bien lisses et des couleurs bien vives.
Mais ce que Brébeuf a donné de plus précieux à la Huronie, encore plus que le secret
de la langue, c’est l’exemple vécu du missionnaire idéal, totalement consacré au
service de ses brebis. Parmi les Hurons, il a été le Christ présent, visible parmi eux.
A cet égard, rien de plus significatif qu’un texte de lui intitulé : Avertissement
d’importance, adressé aux jeunes jésuites de France qui aspirent à la mission huronne,
sur ce qu’ils doivent s’attendre à y trouver. On l’a informé que, dans les collèges, le
zèle missionnaire est incandescent. Brébeuf ne veut en rien refroidir ces généreuses
dispositions. Toutefois, pour les empêcher de s’illusionner et de rêver à leur prie-Dieu
de tâches glorieuses, il entend leur montrer ce qu’il faut s’attendre à souffrir pour le
Christ, dès leur arrivée. Pages vigoureuses, d’un réalisme tout surnaturel qui comptent
parmi les plus belles pages de l’histoire des missions.
Ces pages découvrent le type de missionnaire que souhaite Brébeuf pour la Huronie,
mais en même temps le missionnaire qu’il fut lui-même. Chose certaine, nous savons
que la lecture de ces pages a été déterminante dans la vocation à la Huronie de
Bressani et de Chaumonot.
Pour des yeux trop humains, les misères semblent vraiment intolérables. Après un
voyage en canot dans des conditions horribles, il n’y a, pour recevoir le nouveau
missionnaire, qu’un logement si misérable qu’il ne s’en trouve pas de pareil en France.
Une natte vous servira de lit; les puces, les maringouins et la vermine seront vos
compagnons nocturnes. La langue huronne «sera votre saint Thomas et votre Aristote,
et tout habile homme que vous êtes, et bien disant parmi les personnes doctes et
capables, il vous faudra résoudre d’être assez longtemps muet parmi ces barbares; ce
sera beaucoup quand vous commencerez à bégayer, au bout de quelque temps» (JR
10 : 90-92). L’hiver des Hurons ne diffère en rien de celui des Montagnais,…«dans une
cabane bâtie de simples écorces….La fumée est souvent si épaisse et si opiniâtre que
les cinq ou six jours entiers, c’est bien tout ce que vous pouvez faire que de connaître
quelque chose dans votre bréviaire» (JR 10 : 92).
Voilà pour les dangers du corps; ils ne sont rien auprès de ceux de l ‘âme. En France,
l’exemple des chrétiens, la solennité des fêtes, la splendeur des églises, la ferveur de
vos confrères «sont autant de voix puissantes qui vous prient sans cesse : regarde et
fais de même» (JR 10 : 96). Ici, autour de soi, on n’entend que jurons, on ne voit
qu’impudicités. Impossible de se recueillir : les Hurons sont toujours sur vos talons.
Souvent, il vous faut même renoncer à l’unique consolation de dire la messe.
Telle est pourtant la vie réservée au futur missionnaire de la Huronie. Si ce tableau, loin
de l’effrayer, l’enflamme au contraire du désir de souffrir davantage pour le Christ,
c’est que vraiment Dieu l’appelle. «Ah, qui que vous soyez à qui Dieu donne ces
sentiments et ces lumières, venez, dit Brébeuf, venez, mon cher frère, ce sont des
ouvriers tels que vous êtes que nous demandons ici; c’est à des âmes semblables à la
vôtre que Dieu a destiné la conquête de tant d’âmes…N’appréhendez aucune
difficulté; il n’y en aura point pour vous, puisque toute votre consolation est de vous
voir crucifié avec le Fils de Dieu» (JR 10 : 98).
Ces pages débordent la littérature. Elles sont d’un homme qui ne vit que pour le Christ
jusqu’au don de sa vie. Effectivement, Brébeuf a été martyr.
Brébeuf martyr
En un sens, Brébeuf a été desservi par son martyre. En attirant l’attention des
hagiographes, son martyre a fait oublier que c’est toute sa vie qui s’inscrit sous le
signe de la croix. La grâce du martyre se lève sur les premiers jours de sa vie religieuse
et grandit jusqu’à devenir le bûcher qui la consomme en le consumant lui-même.
La vérité est qu’il y a, chez Brébeuf, comme chez Ignace d’Antioche, comme che
Jogues, une véritable vocation au martyre. La pensée du martyre sillonne tous ses
écrits, l’accompagne dans ses voyages, dans son apostolat, dans son oraison.
Ragueneau, son supérieur et directeur spirituel, écrit : «Je ne vois rien de plus
fréquent, dans ses écrits, que les sentiments qu’il avait de mourir pour la gloire de
Jésus Christ, désirs qui lui continuaient des huit ou dix jours de suite» (JR 34; 164 et
194). Et qu’est-ce que le voeu du martyre, si ce n’est l’offrande de lui-même jusqu’au
sacrifice ultime?
Je trouve, dans ses notes spirituelles, un texte stupéfiant écrit quelque temps avant de
mourir : «O mon Dieu, que n’êtes-vous connu! Que ce pays n’est-il tout converti à
vous! Que le péché n’en est-il aboli! Que n’êtes-vous aimé! Oui, mon Dieu, si tous les
tourments que les captifs peuvent endurer en ces pays, devaient tomber sur moi, je
m’y offre de tout mon coeur» (E 2 : 237). Langage audacieux qui est celui des plus
grands saints.
Dieu agréa l’offrande de Brébeuf. Je vous épargne toutefois la description détaillée,
d’un réalisme cru, de son martyre faite par le Frère Christophe Régnaut, sur la base
des déclarations de témoins oculaires et de ses propres observations sur les restes du
corps.
Pour comprendre le martyre de Brébeuf, il faut redonner à ce terme toute la plénitude
de sens que Vatican II y a redécouverte, en remontant au Christ, prototype de tous les
martyrs.
Dans la théologie du martyre, on distingue généralement deux volets ou deux
versants : le martyre envisagé du côté du persécuteur, et alors on parlera de mise à
mort en haine de la foi. Au contraire, si on envisage le martyre du côté de la victime,
on parlera de son témoignage d’amour pour le Christ. Jusqu’au XXe siècle, on a
toujours en tête le martyre des premiers chrétiens, et on met l’accent sur la haine de
la foi manifestée par le bourreau ou le persécuteur. Même dans le procès de
béatification des martyrs canadiens, la Congrégation des Rites parle «des Serviteurs de
Dieu mis à mort en haine de la foi», sans plus.
Vatican II, au contraire, parle du «témoignage suprême d’amour du disciple assimilé à
son Maître» et de la «preuve suprême de la charité» (LG 42). L’expression «en haine de
la foi» disparaît complètement. Mais quelle différence pour l’intelligence du martyre de
Brébeuf, comme pour celle du martyre du Christ, selon que l’accent est mis sur la
haine de la foi ou sur le témoignage de l’amour!
On retrouve chez Brébeuf les deux aspects du martyre. D’une part, nul doute que
Brébeuf ait été torturé et mis à mort pour des motifs d’inimitié entre Hurons et
Iroquois, mais aussi pour des motifs religieux, c’est-à-dire en haine de la foi. Ainsi,
des Hurons, prisonniers des Iroquois et apostats, lui ont versé par trois fois de l’eau
bouillante sur la tête, en dérision du baptême. On lui a aussi coupé les lèvres parce
qu’il ne cessait de parler de Dieu pour encourager les captifs, torturés avec lui, à
persévérer dans la foi.
Mais combien plus révélateur est l’autre aspect du martyre de Brébeuf, à savoir ses
dispositions intérieures. On ne saurait en effet séparer l’événement de la mort de
Brébeuf du sens qu’il revêt pour lui-même : un sens qui lui appartient et qui fait corps
avec l’événement. Ainsi, la mort de Jésus n’est pas un simple décès, ni le seul produit
de la haine des chefs du judaïsme. Jésus lui-même donne sa vie, se livre pour le salut
de tous. Il en va de même pour Brébeuf. Son vœu du martyre, de même que les textes
de son journal spirituel, proclament le sens qu’il donne à sa mort. Sa vie, bien avant
qu’on la lui enlève, il l’a déjà offerte en signe du plus grand amour pour le Christ et
pour le salut des Hurons.
Brébeuf mystique
Au début de cette causerie, j’ai dit que Brébeuf est le premier mystique de la Nouvelle-
France, avant Marie de l’Incarnation et avant Jogues.
En effet, les notes, trop brèves, qui nous restent de son journal intime, constituent les
toutes premières pages de la littérature mystique de la Nouvelle-France. D’étendue
fort variable, elles couvrent une période de quinze ans, soit de 1630 à 1645, ou
l’équivalent de sa vie en Huronie. On y trouve des résolutions de retraites, des lumières
plus vives, un voeu et un certain nombre de visions datant surtout des années 1640-
1641.
C’est à la demande de son supérieur ou de son directeur spirituel que Brébeuf s’était
résolu à consigner par écrit les grâces spéciales dont il était l’objet. Ces notes, parce
qu’elles sont toujours datées, nous permettent de saisir, comme à l’état naissant, les
réactions de Brébeuf face à des événements que nous font connaître par ailleurs les
Relations de Jésuites, ces rapports annuels qui nous racontent l’histoire de la mission.
C’est une âme depuis longtemps familière des communications divines que nous
dévoilent les premiers textes de son journal. Dans cette ascension spirituelle déjà
avancée, l’année 1630 paraît marquer un nouveau départ, comme une sorte de
montée en flèche. Son journal s’ouvre sur une note où affleure nettement le thème de
l’Alliance. Brébeuf alors se lie au Christ d’une étroite amitié et s’engage résolument sur
la voie des grands détachements : longues heures d’oraison, attention extrême à se
garder des moindres imperfections, recherche de toutes les occasions où l’obéissance
et l’humilité trouvent à s’exercer.
De 1636 è 1641, Brébeuf traverse une crise épouvantable de persécutions extérieures
et d’assauts diaboliques : longue période de purifications passives, d’anéantissements
successifs. L’apôtre n’est pas moins éprouvé que le pur contemplatif, mais il l’est
différemment : dans son action et par son action. Durant cinq ans, persécuté, insulté,
battu, lapidé, accablé, meurtri dans sa chair à la suite d’un accident, il apparaît comme
la balayure du monde, comme le rebut universel. Tout se termine par un échec. Son
supérieur juge opportun de l’éloigner de la mission pour un temps et de l’envoyer à
Québec.
Mais en même temps qu’il connaît ces nuits purificatrices, Brébeuf reçoit les visites de
l’Époux. Son Supérieur, le Père Ragueneau, déclare : «Il était toujours uni à Dieu qui le
favorisait d’un don d’oraison très sublime et de beaucoup d’autres grâces gratuites
que l’on admire dans les grands saints.» Durant les années qui précèdent son martyre,
Brébeuf paraît avoir atteint un degré de charité plus éblouissant encore. C’est du moins
ce que laisse entendre Marie de l’Incarnation, dans un texte majeur où elle parle du
présent de l’Esprit du Verbe incarné que reçut Brébeuf «d’une façon sublime». Don
infus qui se situe au-delà des extases et des ravissements, «le plus haut point de la vie
spirituelle», observe-t-elle, «commerce d’esprit à esprit dans l’Esprit, qui fait que les
paroles de saint Paul se vérifient lorsqu’il dit : ce n’est plus moi qui vis, c’est Jésus
Christ qui vit en moi» (E 2 : 185-187).
C’est dans ce contexte, semble-t-il, qu’il faut situer le voeu du plus parfait prononcé
par Brébeuf en 1644. Si l’apôtre a pu s’engager dans cette voie de la perfection
héroïque, c’est que depuis longtemps déjà son âme était toute docilité aux moindres
mouvements de l’Esprit : action, souffrance, prière n’étant plus inspirées que par la
charité. Brébeuf ne veut plus que ce que Dieu veut. Le couronnement de cette charité
lui vint par la grâce du martyre, qui achève en lui sa ressemblance avec la Crucifié, qui
finalise toute sa vie d’apôtre et sa vie mystique elle-même.
Figure de Brébeuf
Parvenus à ce point, nous ne pouvons que balbutier face à cette merveille de sainteté
qu’est l’âme de Brébeuf. Lorsque nous tentons, comme par l’entrebâillement d’une
porte, d’accéder au mystère de sa vie intime, nous nous sentons pénétrés de
vénération et de piété, tant cette âme nous apparaît imprégnée de puissance et de
grâce divines. Nous entrons dans un univers que nous savons lumineux, mais sans
pouvoir en saisir toute la splendeur. A travers les rares notations que Brébeuf nous a
laissées, nous avons pu saisir toutefois les étapes décisives de son ascension
spirituelle : un peu comme les pics plus élevés d’une chaîne de montagnes dont les
pentes restent enveloppées de nuages.
Impossible de dérouler la vie de Brébeuf sans être frappé par un contraste saisissant.
Deux extrêmes s’unissent en lui : d’une part, l’homme réaliste, ami de la tradition, qui
apparaît dans le procureur de collège, l’organisateur de mission, le religieux qui
recherche les plus modestes emplois, et, d’autre part, l’apôtre ardent, enflammé,
énergique, s’offrant à tous les martyres et à toutes les folies de la croix. La grâce a fait
de ce doux un être de courage invincible, au zèle incandescent; de ce mystique
contemplatif, un contemplatif dans l’action.
Brébeuf : pour nous ses héritiers
Si vous me demandez maintenant ce qu’il faut retenir de son passage parmi nous, ses
héritiers du XXIe siècle, je répondrai en soulignant quatre traits de sa vie.
Et d’abord, son attachement au Christ et son engagement pour le Christ, poussé
jusqu’au don de sa vie, source d’un zèle de feu et d’une prière continue.
Or voici qu’aujourd’hui une bonne partie de notre société a rejeté l’Église, le Christ et
les valeurs chrétiennes. Les réalités qui triomphent s’appellent le moi, l’argent, le
pouvoir, la drogue, le sexe. Le sens de l’existence humaine n’existe même plus dans
une vie qui n’a aucun sens. Bref, nous sommes aux antipodes de la vie selon le Christ
qui a inspiré Brébeuf.
La vérité est que trop longtemps notre catholicisme n’a pas été, d’abord et avant tout,
un christianisme, c’est-à-dire une foi fondée et enracinée dans une personne, Jésus
Christ, Parole de Dieu, Verbe fait chair, Dieu parmi nous, Plénitude de sens, unique
Sauveur, unique Médiateur, venu nous révéler notre condition de filles et de fils de
Dieu, appelés à partager la vie même de Dieu. Car le Christ n’est pas seulement
irruption de Dieu dans notre histoire, mais aussi irruption massive de sens. «Le
mystère de l’homme, déclare Vatican II, ne s’éclaire vraiment que dans le mystère du
Christ» (GS 21).
Notre société ne sortira de son coma spirituel que si elle retourne au Christ, à sa
personne, à son message. Pour les Hurons de Brébeuf, le salut était dans la venue au
Christ; pour notre société, le salut est dans le retour au Christ par une seconde
évangélisation qui devra passer par le mystère pascal, c’est-à-dire par la croix avant la
résurrection.
Le deuxième trait que je retiens de Brébeuf, et qui se rattache au premier, est sa
créativité apostolique.
Brébeuf arrive sur un continent où tout est neuf : le pays lui-même, aux proportions
extravagantes, les moyens de transport, le logement, l’alimentation, et surtout la
langue et une culture absolument inédite.
Brébeuf doit tout inventer. Il est «fondateur» au sens fort du mot : premier arrivé en
Huronie, il pose les fondements d’une nouvelle Église, comme saint Paul autrefois. Il
donne aux Hurons une langue écrite, un dictionnaire et une grammaire; il étudie leurs
coutumes pour y trouver des «points d’entrée» pour l’Évangile et des formes
d’apostolat adaptées à leur nation. Cette créativité jaillit de son zèle. S’il est si inventif,
c’est qu’il est épris du Christ, épris de travailler à son Royaume.
Aujourd’hui, dans une société éclatée, il nous faut, tout comme Brébeuf, devenir
créateurs pour trouver des «points d’entrée» pour l’Évangile et de nouvelles formes de
prière et d’apostolat. A cet égard, les Fraternités monastiques de Jérusalem
représentent un merveilleux exemple de créativité apostolique.
Le troisième trait caractéristique de Brébeuf, est sa magnanimité., à savoir un coeur
large et généreux envers Dieu, mais aussi une grandeur d’âme qui sait reconnaître la
valeur des autres. En effet, on chercherait en vain dans ses écrits l’indice d’une
rancoeur, d’une jalousie secrète. On trouverait au contraire de nombreux passages où il
exalte ses compagnons d’apostolat et ses supérieurs, tandis qu’il met un délicieux
acharnement à se faire oublier, à travailler dans le rang.
Notre société vit aux antipodes de cette magnanimité. L’homme occidental - et nous
en sommes – est incarcéré dans son moi et incapable de s’en évader. Narcisse, qui en
est le symbole, est incapable de s’ouvrir aux autres pour les reconnaître dans la dignité
de leur altérité. Le plus souvent, s’il pense aux autres, c’est comme objets pour en
profiter, ou pour les détruire. Incapable de s’ouvrir aux autres, il ne saurait davantage
s’ouvrir à l’Autre : Dieu en Jésus Christ.
La magnanimité suppose l’évacuation de cet ego morbide et, positivement, l’attention
à l’autre, l’écoute de l’autre, le respect de l’autre, l’amour de l’autre. Il nous faut aimer
l’autre comme Dieu l’aime, et comme nous sommes aimés de Dieu en Jésus Christ.
Dans le Christ, il n’y a plus les uns et les autres, mais des filles et des fils du même
Père.
Le dernier trait que je veux souligner chez Brébeuf, c’est le témoignage de sa vie.
Brébeuf, je l’ai déjà dit, a rendu le Christ vivant et visible parmi les Hurons, par toute
sa vie, notamment par sa patience, sa douceur, sa bonté. Il y a, dans ce coeur, des
abîmes de charité qui rappellent saint Paul et le Christ
lui-même. Brébeuf a eu, pour les Hurons, des tendresses de mère, jusqu’à les
contraindre d’admettre qu’il y a, sur terre, des bontés qui passent tout à fait l’humain.
C’est par le témoignage de sa vie, encore plus que par ses catéchismes, qu’il a conquis
les Hurons. Chose certaine, à sa mort, presque toute la Huronie était gagnée au
Christ.
Aujourd’hui, dans une société que rien ne semble émouvoir, est-il encore possible de
proclamer la Bonne Nouvelle du salut pour y instaurer le Royaume du Christ? Oui, à
une condition. Il faut que nos contemporains voient des femmes et des hommes
engagés à corps perdu dans les valeurs proposées par l’Évangile; il faut qu’ils voient la
transformation opérée par cet engagement. Bref, il nous faut des témoins de l’Évangile,
en qui l’Évangile proclamé et l’Évangile vécu se font écho. Alors, on ne cherche plus le
sens de l’existence : il est là debout, devant nos yeux.
Ce qui caractérise le témoignage, c’est sa discrétion. Le témoin se contente
d’exprimer par sa vie la Réalité qui l’a illuminé et transformé. Sa force d’attraction tient
à sa discrétion. «Pourquoi les saints, remarque le philosophe Bergson, ont-ils des
imitateurs? Ils ne demandent rien et pourtant ils obtiennent. Ils n’ont pas besoin
d’exhorter; ils n’ont qu’à exister; leur existence est un appel» (H. Bergson, Les deux
sources de la morale et de la religion, Paris, 1932, p. 29-30). Pensez à mère Teresa.
Seule, je pense, cette cohérence de l’Évangile et de la vie selon l’Évangile, peut ouvrir
nos contemporains au sens ultime de l’existence humaine représenté par la Christ,
Plénitude de sens, l’Infini du sens.
Ô Brébeuf, engagé pour le Christ jusqu’au don de ta vie par le martyre, toi présence
vivante du Christ en terre d’Amérique, toi si grand, à nous parfois si petits, donne de
connaître et de faire connaître autour de nous la longueur, la largeur, la hauteur, et la
profondeur de l’immensité de l’amour du Christ pour tous les humains, pour nous
tous.
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© Communion de Jérusalem – Tous droits réservés
S I G L E S
E René LATOURELLE, Étude sur les écrits de sain Jeant de Brébeuf, 2
vol., Montréal, 1952-1953.
JR R . G. THWAITES (dir.), The Jesuit Relations and Allied Documents,
73 vol.., Cleveland, 1896-1901.
LG VATICAN II, Lumen Gentium, Constitution dogmatique sur l’Église.
GS VATICAN II, Gaudium et Spes, Constitution pastorale sur l’Église
dans le monde de ce temps.
Note bibliographique
LATOURELLE, René, Étude sur les écrits de saint Jean de Brébeuf, 2 vol., Montréal,
1952-1953.
LATOURELLE, René, Jean de Brébeuf, Montréal, Bellarmin, 1999. $10,00.
LATOURELLE, René, A la recherche du sens perdu. Témoins du sens révélé : Brébeuf,
Chaumonot, Bressani, Montréal, Bellarmin, 2004. $10.00.
THÉRIEN, Gilles, présentation, Jean de Brébeuf, Écrits en Huronie, Bibliothèque
québécoise, Montréal, 1996.
THWAITES, R. G., éd., The Jesuit Relations and Allied Documents, 73 vol., Cleveland,