«Tous les citoyens devraient être des défenseurs des Droits de l’Homme pour une société plus juste

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Richard Mugaruka

 

professeur à l’Université Catholique du Congo.

Merci de m’avoir associé à cette journée.
Floribert Chebeya est tombé à cause de la haine de ceux qui ne veulent pas l’avènement d’un Etat de droit.
Nous tous, nous devons être défenseurs des Droits de l’Homme pour une société plus juste et plus fraternelle.

 

 

Je vais axer mon intervention en deux grands points, a t-il déclaré en substance.
Le premier sera des propositions en vu de la survie de Chebeya et au deuxième je nommerais certaines pistes pour le combat des défenseurs des Droits de l’Homme en RDC.

A. Propositions en vu de la survie de Chebeya Floribert

Chebeya n’est pas mort. Ceux qui ont tué son corps n’ont pas tué son âme. Ceux qui l’ont fait disparaitre physiquement non pas fait disparaitre la cause sacrée pour laquelle il a combattu toute sa vie. En effet, un Homme qui a le sens du sacré ne meurt pas, parce que le sacré est immortel.
Alors pour que Chebeya puisse survivre il faut que nous puissions répondre à 4 conditions:

1.
Il ne faut pas que la Voix de sans Voix disparaisse ou s’affaiblisse, cette organisation doit être redynamisée pour démontrer que Chebeya n’est pas mort. Pour montrer que l’œuvre de Chebeya n’était pas individuelle mais qu’il s’agit d’une œuvre menée par une organisation responsable qui ne peut pas baisser les bras.
2.
Assurer la suivie des enquêtes judiciaires pour qu’elles puissent aboutir. Le pardon est contre la vengeance, mais il n’est pas contre la justice. Le pardon appelle la justice. Dans notre pays, à force de légitimer et tolérer la mort, on a fini par faire une culture et aujourd’hui on peut tuer n’importe qui et n’importe comment et personne ne va réagir. Nous avons commencé cela lors de la CNS (Conférence Nationale Souveraine) lorsque les dossiers des assassinats et des biens mal acquis n’ont pas été examinés. Nous l’avons poursuivi avec le Dialogue Intercongolais où on a donné une prime à la violence et où des criminels ont été propulsés aux fonctions publiques les plus élevées. On a continué la même culture de la mort avec l’impunité et les amnisties régulières envers ceux qui commettent des crimes. On a continué avec la culture de la mort en accordant des primes à tous ceux qui prennent les armes et en considérant cela comme la voie normale pour conquérir le pouvoir. Désormais, nous devons mettre fin à cette culture de la mort. Exiger que la lumière soit faite sur les circonstances et les auteurs directs et indirects de la mort de Chebeya et pour cela nous avons besoin de continuer à exiger une commission indépendante internationale, parce que l’Etat congolais ne peut être juge et partie en même temps.
3.
Que nous puissions nous occuper de la veuve et des enfants de Floribert Chebeya. C’est un devoir moral. Il ne faut pas que les défenseurs de Droits humains donnent l’impression que lorsqu’ils disparaissent leurs familles n’ont droit à rien.
4.
Finalement, il faut absolument exiger la lumière sur la disparition de Fidèle (le chauffeur de Chebeya). Il faut que nous sachions où les assassins ont mis son corps et qu’il soit restitué à sa famille.


B. Le combat des défenseurs des Droits de l’Homme en RDC

Les Droits de l’Homme sont devenus un patrimoine de l’Humanité toute entière.
Un Etat est considéré comme civilisé et fréquentable lorsqu’il respecte les Droits de l’Homme. Dans le combat de faire respecter les Droits de l’Homme en RDC nous ne sommes pas seuls. Là où les Droits de l’Homme sont bafoués l’Humanité toute entière doit se lever comme un seul homme pour dire non. Nous devons accepter, pas seulement le droit d’ingérence de toutes les nations civilisées pour défendre les Droits de l’Homme chez nous, mais nous aussi nous devons nous ingérer dans la défense des Droits de l’Homme dans tous les autres pays du monde.

Les Droits de l’Homme doivent être défendus parce que ce sont justement les mêmes Etats qui ont adhéré à la charte des Droits de l’Homme qui violent ces Droits. Si les Etats pourraient assurer le respect des Droits de l’Homme de forme intégrale il n’aurait pas de raison pour qu’on ait des défenseurs. Il y a des défenseurs du Droits de l’Homme parce que, quelque part, les Etats ont failli à leur devoir et donc ce sont les Etats qu’il faut interpeler pour qu’ils assurent les Droits de l’Homme chez nous et partout dans le monde.
Tous ceux qui défendent les Droits de l’Homme savent qu’ils ont à faire à l’Etat et il faut savoir qu’on affronte un combat illégal dans lequel on prend des risques : soit la prison, soit l’exile, soit la mort. Mais, un peuple ou un homme qui n’a pas des raisons pour lesquelles il peut mourir, il n’a pas non plus des raisons pour lesquelles il peut vivre.
Si nous voulons être des hommes dignes il faut que nous pussions être prêts à mourir pour cette dignité-là, parce qu’une vie sans dignité ne vaut pas la peine d’être vécue.

Les Droits de l’Homme sont le fondement de la Démocratie et de l’Etat de droit.
Aujourd’hui les pays qui ne respectent pas les Droits de l’Homme on les appelle des Etats voyous.
En plus, sans respect des Droits de l’Homme il n’y a pas de développement possible, parce qu’on ne peut pas développer un peuple sans lui ou malgré lui. La première condition pour qu’un peuple puisse se développer est la prise de conscience de sa dignité humaine. L’homme doit être au centre de tout et malheureusement dans notre pays on a oublié l’homme.
Lors de la célébration de l’Indépendance on a voulu nous distraire avec des apparences, des réalisations matérielles, et le même jour que les soldats défilaient, les pauvres fonctionnaires de la Fonction Publique étaient en grève parce qu’ils n’ont pas été payés. On a oublié l’homme. En tant qu’on oubliera l’homme tous ces réalisations matériels de modernisation, ça ne servirait à rien. Il faut mettre l’homme au centre.
Maintenant on nous a dit de serrer la ceinture parce que nous sommes soumis au programme PPTE (Pays Pauvres Très Endettés). Mais pendant que le peuple serre la ceinture, les gouvernants mangent toujours. Ils ont tout et les autres n’ont rien. S’il faut serrer la ceinture, tout le monde doit le faire, surtout ceux qui le demandent, parce que les dirigeants de nos pays ne peuvent pas nous demander de partager le sacrifice si nous ne partageons pas les privilèges, ça c’est nous prendre pour des idiots. Le peuple doit exiger que s’il y a des sacrifices tout le monde partage ces sacrifices-là.

Les Droits de l’Homme que nous devons défendre se définissent de la manière suivante : le droit à la vie, c'est-à-dire, le droit à avoir tout ce qui est nécessaire pour vivre : le droit à l’intégrité physique, le droit à un salaire décent parce que ce de cela que les hommes vivent, le droit au travail, le droit à l’éducation, le droit aux soins de santé... ce sont de droits sacrés qu’il faut assurer. Le deuxième droit c'est le droit à la liberté : liberté de mouvement, d’expression, de pensée et d’association. Droits fondamentaux qu’on doit assurer. Aussi le droit à la propriété privée. A ces trois Droits on ajoute le droit à la citoyenneté. Ce pays ne peut pas être confisqué par un groupe d’hommes, par une oligarchie. Ce pays appartient à tout le peuple congolais et tout le peuple congolais a le droit de participer à sa gestion et de bénéficier des nombreuses ressources. Nous ne pouvons continuer à accepter qu’un petit nombre de personnes s’approprie de tout et ne laisse rien à tous les autres, à tout le peuple. La citoyenneté responsable signifie la participation. En fin, il y a les Droits à une justice équitable. Devant la loi tout le monde est égal. Personne ne peut se mettre au dessus de la loi.

Dans le combat pour la défense de ses Droits il faut lutter contre 4 principaux obstacles:

1
. Le déficit de culture politique et de mentalité démocratique. Le peuple a toujours le chef qu’il mérite. Si nous nous comportons comme des moutons, s’est normal qu’on en profite et on en abuse. Alors nous devons refuser d’être abroutis. Les 50 ans d’indépendance ont été marqués par une dictature où tout le monde devait danser et chanter et le peuple a accepté un abroutissement collectif qui a finalement plongé tout le monde dans la misère et dans la pauvreté. Pour avoir une culture politique, il faut que nous contestions les partis politiques qui sont vides. Beaucoup de nos partis politiques ne sont pas des partis politiques parce qu’un parti politique se définie par un projet de société et par un débat au tour de ce projet. Pour nos partis politiques le projet de société ne compte pas, ce qui compte est le chef, le culte du chef. Nous devons répudier ce culte de la personnalité. C’est nous-mêmes qui créons nos propres dictateurs quand nous pensons qu’il faut tout attribuer à un individu. Il faut surtout que nous contestions ce que j’appelle la vision prédatrice du pouvoir. On cherche le pouvoir non pour s’enrichir mais pour servir la nation. Le pouvoir n’a de sens que par rapport à son utilité sociale. Un pouvoir qui n’a pas d’utilité sociale n’a pas de raison d’être et les chefs qui sont incapables de résoudre les problèmes du peuple devaient démissionner. Et ceux qui n’ont pas de solutions pour le peuple qu’ils s’abstiennent de briguer un mandat politique.

2.
La pauvreté. La démocratie n’est pas possible pour un peuple qui est pauvre. Nous devons arranger cela. Nous avons un pays tellement riche que nous pouvons résoudre le problème de la pauvreté extrême. Sans solution à la paupérisation générale il n’aura jamais de démocratie parce que les gens ne peuvent discuter des projets de société quand ils n’ont pas mangé.

3
. La peur. La tyrannie et la dictature n’ont pas de meilleur allié que la peur. Il faut répudier la peur et la défense de l’homme nous devons la pousser même au risque de notre vie. C’est la seule façon d’éviter les abus de ceux qui ont le pouvoir. C’est la seule façon de ne pas être écrasés par ceux mêmes que nous avons choisis.

4
. Le dernier obstacle serait dépasser cette démocratie électorale sans souveraineté du peuple. On demande au peuple d’élire tous les cinq ans ses dirigeants, mais attention, élire les dirigeants ne signifie pas se défaire de sa souveraineté première. Le peuple doit rester souverain avant, pendant et après les élections.
Le peuple devrait pouvoir exercer sa souveraineté à tout moment, de façon permanente. Aujourd’hui on a organisé des élections à niveau supérieur, à niveau national et provincial, mais on a oublié les élections à la base, les élections locales et communales. Nous devons exiger ces élections de toutes nos forces. On ne peut pas passer une deuxième fois aux élections nationales sans avoir fait les élections locales et communales, parce que la démocratie se vit à la base. Cela donnera à notre pays la possibilité de faire émerger un leadership, que j’appelle alternatif, qui n’a pas une vision prédatrice du pouvoir. Il nous faut des élus de proximité qu’on choisi parce qu’on les connait et qui mettent en priorité le bien être commun et l’utilité sociale.


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